Travaillerons-nous encore demain ?

« D’après le Fonds Monétaire International, l’intelligence artificielle aura un impact sur 60% des emplois dans les pays économiquement avancés, et seulement sur 26% dans les pays à faible revenu »

« Les emplois protégés seront ceux qui sont hautement et faiblement qualifiés »

« Il n’y aura plus assez de travail, il faut mettre en place un revenu universel »

Ce sont des exemples de phrases que l’on voit un peu partout en ce moment sur l’IA et les avis sont polarisés aux extrêmes : soit l’enthousiasme autour de l’IA est maximal et on ne voit que les aspects positifs, soit on pointe du doigt les impacts qui vont amener à une catastrophe.

Clairement, cette révolution va avoir un impact non négligeable et il est très difficile de savoir ce qui va réellement se passer dans les prochaines années.

Vivrons-nous dans une société où nous aurons des « robots esclaves » qui se chargeront de faire le nécessaire pour que notre société tourne ? Il nous restera à philosopher, à gérer les enjeux politiques et sociaux, et peut-être partir à la conquête de nouvelles galaxies.

Vivrons-nous dans une société où il n’y aura pas assez de travail pour tout le monde et où il faudra concevoir autrement notre rapport à l’emploi ? De même que la révolution industrielle a permis de moins travailler, nous travaillerons peut-être encore moins avec des semaines de 3 jours et des journées de 5 heures.

Vivrons-nous dans une société où nous aurons le choix d’avoir le corps des robots mais la conscience d’un humain, nous serons peut-être même des cyborgs ?

Vivrons-nous dans une société où il est impossible de distinguer un humain d’un robot, même avec un test de Turing, comme avec la série Westworld ?

Allons-nous être en guerre contre des robots comme dans Terminator car les IA ont jugé que notre espèce humaine est un poison pour l’humanité ?

Les robots vont-ils traiter l’homme comme une énergie à exploiter comme dans Matrix ?

Tous ces scénarios ont déjà été envisagés dans différentes œuvres et bien sûr, tout cela fait aussi partie de notre imaginaire.

Ce qui est vrai, c’est que les IA sont partout et depuis des années, elles font partie de notre quotidien de façon invisible.

Mais depuis l’avènement de ChatGPT, il y a une nouveauté : c’est la démocratisation à l’échelle planétaire de cette technologie accessible à tout le monde et cela change tout car depuis, il y a une course effrénée qui a été lancée. Tous les jours, nous voyons des nouveautés et cela va à une vitesse incroyable – c’est d’ailleurs ce qui fait que nous adorons ce sujet.

La conception de l’IA aujourd’hui

IA visible et invisible

J’aimerais faire une distinction entre ce que j’appelle les IA visibles et les invisibles.

Les IA visibles, ce sont celles que l’on voit explicitement : les Alexa, Midjourney, ChatGPT… Ce sont des IA où nous savons tous que ce sont des IA en face de nous et avec lesquelles nous interagissons par choix.

Les IA invisibles sont celles où nous ne savons pas qu’elles sont là ou quand nous le savons, c’est relativement vague. Un exemple qui est arrivé à tout le monde : quand je parle avec ma femme que je partirais bien faire du ski et que je prends mon smartphone en main et que je lance un réseau social qui m’affiche comme par hasard des vacances au ski. Je vous invite à voir l’excellent documentaire « derrière nos écrans de fumée » si vous voulez aller plus loin sur le sujet, c’est passionnant.

Les IA au travail

En 2016, lorsque le Crédit Mutuel a exploité la technologie d’IBM avec l’IA Watson afin d’aider et d’assister les conseillers bancaires, il y avait eu une levée de boucliers alors que, clairement, l’objectif était de permettre aux conseillers de mieux travailler ; c’est d’ailleurs ce qui s’est passé.

Lorsque Cédric Villani a fait son rapport en 2018 autour de l’IA, rapport que je trouve toujours aussi pertinent, il concevait une vision de l’IA comme un assistant pour l’humain.

Depuis des mois maintenant, j’utilise quasiment au quotidien des IA pour toute sorte de choses : cela me permet d’aller plus vite et plus loin dans mon travail. Pour autant cela ne remplace pas mon regard absolument nécessaire pour avoir un avis critique et faire ce que je suis seul à pouvoir faire.

Tout cela pour dire qu’à date, les IA visibles sont des supers assistants qui clairement sont une aide incroyable pour faire mieux et plus vite.

Lorsque ChatGPT a fait un énorme BOOM, nous avons eu chez Reboot, qui est une entreprise où nous développons avec des langages informatiques, toute sorte de débat : en tant que développeur, est-ce que je vais être remplacé ? Quel est l’impact que cela va avoir dans mon travail ?

Quand on voit l’arrivée de Microsoft Copilot qui est une IA capable de produire du code, cela peut faire peur aux développeurs. En réalité, sur le terrain, ce qu’on constate, c’est que Copilot est clairement une aide mais il faut quand même avoir un regard critique pour corriger ce qui ne va pas et l’inclure dans un contexte plus global. D’ailleurs, nous pensons que lorsqu’un développeur n’a pas assez d’expérience en développement, il ne doit pas utiliser Copilot car c’est une phase incompressible par laquelle il faut passer : il faut comprendre ce qu’on fait, comment on le fait et pourquoi on le fait. Sans cela, le développeur prendra pour argent comptant tout ce que Copilot sortira, ce qui est très mauvais et amène à des problèmes.

Autrement dit et encore une fois : l’IA aide mais ne remplace pas.

En tout cas aujourd’hui…

Et demain ?

En mars, nous avons un Let’s Talk (webinar) qui parlera de ce sujet de façon plus détaillée et je ne veux pas trop spoiler ce que Tristan nous présentera.

MAIS

A titre personnel, je peux dire que pour faire face à ces nouveaux enjeux, il est important de se sensibiliser un maximum sur ces sujets car lorsque les questions se poseront de façon concrète à toute la société, car pour le moment, les impacts sont encore circonscrits, nous aurons à nous prononcer et à faire preuve d’originalité pour concevoir une société d’un nouveau genre.

Et ça, une IA ne pourra jamais le faire à notre place !

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